3-03-2021

Nos cœurs balancent !

De multiples sentiments nous ont envahis en lisant ►l’article Ouest-France du 26 février dernier, de Virginie ENÉE et Samuel NOHRA, rapportant les propos de la Ministre déléguée auprès du Ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’autonomie : entre perplexité, énervement, méfiance, mécontentement, et l’espoir connecté à toutes les créativités de nos concitoyen(ne)s, nos cœurs balancent !

Notre Ministre a discuté du manque de personnels et de moyens dans les métiers du grand âge, du rôle et de l’avenir des EHPAD : « (…) Aucune maltraitance n’est tolérée. Heureusement, nous avons énormément d’établissements qui font un travail remarquable dans des conditions difficiles. Vous évoquez aussi votre situation d’aidant, un statut que l’on a créé en 2019 pour que les gens restent le plus longtemps possible à domicile, s’ils le souhaitent.(…) ».

« Nous devons être volontaires pour proposer des nouvelles structures plus adaptées et aussi mieux former les personnels. Je rappelle aussi que dans le cadre du Ségur de la santé, ce sont 2,1 milliards d’euros qui vont aller vers la rénovation et la création d’EHPAD. Mais si c’est pour refaire la même chose qu’avant cela ne sert à rien. (…) On ira dans le sens d’une ouverture des établissements vers l’extérieur avec des tiers lieux culturels et associatifs ou encore des coiffeurs et commerces en rez-de-chaussée des établissements, pour en faire des lieux de vie.(…) ». 

Ces propositions répondent globalement à nos attentes. Ceci dit, pour avoir suivi l'évolution de ce secteur d'activités depuis le boom de ►l’APA de juillet 2001, et participé à sa professionnalisation au fil du temps, nous sommes perplexes. Cette Allocation Personnalisée d’Autonomie, qui avait été attribuée à 145 000 personnes âgées de plus de 60 ans en 2001, devra soutenir près de 3 millions de seniors en situation de dépendance ou de perte d’autonomie d’ici à 2050. Additionnée à toutes les autres aides, qui va payer la facture avec la précarité qui progresse ?

  • Sur « La véritable fragmentation du système… l’armée mexicaine qui intervient sans aucune organisation dans le maintien à domicile : nous avons déjà essayé de les fusionner et je rappelle que la priorité est de penser à l’intérêt de la personne qui a besoin de ces services. Les gens veulent un vrai service de qualité et se moquent de savoir qui est derrière. Il y a une gouvernance fragmentée et des espaces où des associations s’engouffrent pour que rien ne bouge. » : la réponse nous a énervés, parce qu’elle nous remémore de mauvais souvenirs, en exprimant la raison pour laquelle nous avons quitté le milieu.
  • Sur « Les recommandations d’auto-confinement des personnes âgées avec la Covid-19 : je suis catégoriquement contre, car c’est vraiment discriminant et je l’ai fait savoir. Cette mesure ne pourrait que faire naître des conflits entre générations, et je pense d’ailleurs qu’il n’y a pas de générations sacrifiées mais des générations qui souffrent. On devrait plutôt parler de solidarité entre les générations. » : nous accueillons avec bienveillance cette réponse. Cependant, notre méfiance persiste. En effet, à nos yeux, la vraie question est dans le “comment faire”, en gardant toujours à l'esprit que le monde "du marketing et de la communication" s’approprie les mots en jouant avec, et qu'il y a parfois de grands décalages entre leur sens et l’action.  
  • Sur « Dans les mois qui viennent, nous aurons besoin de plus de moyens, en personnel et en formation : depuis deux ans, nous avons augmenté les capacités en personnel, mais il faut aussi le trouver. On a pris une circulaire avec l’ARS, les préfets et Pôle emploi pour développer l’insertion sociale en cursus court, déployer prochainement 10 000 services civiques et l’apprentissage. (…) Cela fait 10 ans que ce secteur était oublié. Donc on réoriente, réorganise, renforce progressivement. La réforme est là, sur les rails. » : en tant que clients potentiels, nous sommes mécontents de cette réponse qui mérite d’être explicitée plus précisément. Une idée, pourquoi ne nous amusons pas à faire l'addition des fonds qui ont été injectés dans la formation depuis 2001 pour la mettre en face du turnover du personnel ? Peut-être qu'un autre constat apparaîtra et nous forcera à reconnaître que la face cachée de l’iceberg n’est pas forcément en lien avec la formation ? Même si celle-ci est bien-sûr très importante et prioritaire !

Devons-nous éprouver des remords aujourd'hui, nous sentir coupables pour avoir démissionné alors que nos aînés ont besoin de nos compétences ? Non, car s'il y a un milieu professionnel où la gouvernance dans la dynamique de bottom-up prend tout son sens, c'est bien celui-ci !

La vie nous a enseigné qu'être dirigés par des personnages autoritaires et directifs, ancrés dans leurs certitudes, était usant, et qu’il était plus intelligent de les fuir. Sans compter que c'est en avançant à contre-courant de sa nature que nous favorisons l'usure professionnelle et les risques psycho-sociaux, dont la maltraitance.

De façon à dispenser des services qualitatifs, ce secteur d'activités ne peut s'épanouir que sur une politique de Ressources Humaines qui repose sur la confiance vécue comme une ouverture inscrite dans la durée, et sur la compétence responsable avec son savoir-faire relationnel qui intègre le respect des différences et du libre choix.

C'est avec cette logique, et une approche par la solidarité intergénérationnelle ouverte sur le monde, que nous avons appréhendé notre solution, et elle s'apprécie, en premier lieu, dans la manière dont on nous a tenu la main quand nous étions enfants, et qui, inscrite au plus profond de nous, nous a appris, à notre tour, à tenir la main de nos aîné(e)s.

Nous retrouvons le chemin de l'espoir grâce aux élans positifs et aux créativités du plus grand nombre, et c'est donc en ►reliant notre futur au rêve à l’infini que Oui Ensemble a orchestré son projet afin que ►la vie de nos aîné(e)s finisse rangée dans une valise le plus tard possible.