10-05-2021

Quel avenir pour "l’assurance chômage" et "nos jobs" dans le monde d’après ?

Savez-vous que le système actuel d’assurance chômage est « structurellement en déficit », et que le Medef propose un     « Big Bang de sa gouvernance » ? C’est ce qui nous est rapporté dans l’article ►Ouest-France avec l’AFP (Agence France-Presse).

« La principale organisation patronale imagine d’articuler : ~ un "régime de solidarité géré et financé par l’État, ~ un régime assurantiel géré et financé par les partenaires sociaux, ~ et un service public de l’emploi géré et financé par l’État" (…).

Le régime actuel n’est plus réellement paritaire : ~ puisque la négociation sur l’assurance chômage avec les partenaires sociaux a été "placée sous le contrôle effectif de l’État", ~ que le régime dépend en partie de l’impôt, ~ et que de multiples décisions sont budgétairement supportées par le régime alors que ce sont des dépenses qui relèvent de la solidarité. (…). Il s’agit de clarifier le rôle et les responsabilités financières de chacun. (…) Aujourd’hui, Pôle emploi est financé à 80 % par l’assurance chômage alors qu’il travaille aussi pour les fins de CDD de la fonction publique, les primo-accédants sur le marché du travail. "Il n’y a aucune raison que le système assurantiel finance à 80 % le service public de l’emploi" a estimé Geoffroy Roux de Bézieux. (…) ».

Oui Ensemble étant un partisan de l’entrepreneuriat social responsable, nous ne demandons qu’à comprendre tous les tenants et les aboutissants de la proposition de restructuration de l’assurance chômage par le Medef qui veut « revenir à un système où chacun a sa responsabilité » !

Cependant, se retrouver dans un contexte de "chômage" n’étant pas une fin en soi, il nous paraît avant tout important de connaître l’évolution des "jobs" dans le monde d’après ?

Brice COUTURIER fait ►le tour du monde des idées. Le site Project Syndicate a publié un rapport sur l’avenir du travail qui porte sur 8 pays : la Chine, les Etats-Unis, le Japon, l’Inde, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Espagne.

« (…) dans l’ensemble, ce sont, en gros, les mêmes tendances que ce rapport annonce. (…) La crise économique provoquée par l’épidémie va surtout accélérer le rythme de tendances qui était déjà en cours et qui va passer en "surmultiplier". »

Dans la continuité du Covid-19 qui a affecté les marchés du travail, trois observations :

  1. « Aux Etats-Unis, douze millions d’emplois ont été perdus. Dans d’autres pays, comme l’Allemagne et la France, les gouvernements ont mis en place des mécanismes de chômage partiel afin d’amortir les effets sociaux de la crise.(…). Les évolutions à attendre seront ralenties mais non pas empêchées. »
  2. « L’épidémie a frappé particulièrement les emplois requérant un haut niveau de présence physique : les métiers de la vente, de la restauration, de l’hôtellerie, certains services comme les coiffeurs(ses), (…) des emplois faiblement rémunérés (…), les créations d’emplois se feront principalement du côté des métiers mieux payés. (…) ».
  3. « Les entreprises ont pris conscience que le télétravail ne nuisait nullement à la productivité de leur personnel qualifié. (…) des répercussions sur des emplois qui sont liés à l’existence de ces bureaux et des conséquences pour la vie dans les grands centres urbains (…). Mauvaise nouvelle pour les activités d’entretien et de nettoyage de ces équipements, mais aussi pour la restauration, (…) un effondrement des voyages d’affaire qui est l’une des activités les plus lucratives du transport aérien. »

La hiérarchie, de l’attractivité des pays et des territoires, est bouleversée : « Le télétravail va bouleverser la géographie du travail en entraînant "une migration à long terme des talents hors des grands centres urbains" vers des villes de taille moyenne où l’immobilier est moins cher. (…) La Géorgie et la Grèce proposent aux sociétés des impôts attractifs. L’Estonie, spécialiste européenne du numérique, est aussi sur les rangs pour attirer les "start up" ».

Quel sera le grand défi post-épidémie ? « Qualifier les personnes qui vont perdre leur emploi afin qu’elles en retrouvent un autre mieux payé ! »

« Combler l’écart entre le niveau de qualification requis et les emplois disponibles offre l’occasion de réinventer le travail, mais il rend plus urgent encore de financer et de mettre en place des programmes efficaces de formation et d’aides aux revenus pour les travailleurs contraints de changer de métier, de secteur d’activité, ou de lieu d’exercice de leur profession.

Une accélération du côté du numérique. Le commerce en ligne a fait des bonds, il représente désormais 27 % du total en Chine, 24 % au Royaume-Uni, 20 % aux Etats-Unis, 14 % en Allemagne, 9 % en France (…). Le commerce de détail va souffrir (…), montée en puissance de la robotisation et de l’automation qui va accélérer le recul mondial des emplois non qualifiés en attendant l’intelligence artificielle (…). Les métiers qui vont recruter : la santé, l’ingénierie et les technologies, (…) des secteurs qui proposent de bons salaires. »

La crise économique provoquée par le Covid-19 va donc « accélérer le rythme des tendances qui était déjà en cours », ce qui permet de garder un "job" et une dignité sur le court terme.

Maintenant, il ne faut pas rester les deux pieds dans le même sabot en oubliant les vrais problématiques révélées par la crise sanitaire et reliées aux failles systémiques de nos modèles de société qui jonglent ►entre une crise de confiance et la peur de l’apocalypse climatique !